Faire la planche… Naufragée à plusieurs reprises, au sens propre comme au sens figuré, j’ai adopté face à mon destin la posture de la planche, un corps détendu qui flotte entre l’eau et le ciel. Un corps qui lâche prise mais qui soigne son souffle pour rester en surface, les yeux tournés vers l’infini du ciel, et le clapotis de l’eau qui fait boire la tasse un peu par les oreilles .. Faire la planche c’est arrêter le temps, méditer sur le point de jonction entre l’immensité de la masse liquide1
Faire la planche…
Naufragée à plusieurs reprises, au sens propre comme au sens figuré, j’ai adopté face à mon destin la posture de la planche, un corps détendu qui flotte entre l’eau et le ciel. Un corps qui lâche prise mais qui soigne son souffle pour rester en surface, les yeux tournés vers l’infini du ciel, et le clapotis de l’eau qui fait boire la tasse un peu par les oreilles ..
Faire la planche c’est arrêter le temps, méditer sur le point de jonction entre l’immensité de la masse liquide et l’affolante dimension de la galaxie. La faire nue sous les étoiles, cela frise le vertige de l’orgasme… C’est dire si j’aime la vie.
Parler de la planche alors que je dessine des cabanes n’est pas qu’une question de jeu de mots.
C’est une forme de méditation, faire des cabanes pour relancer et élargir l’imagination.
Aller lentement, trouver les bons éléments, tirer et nouer les bons fils de pensées pour construire un refuge qui tienne debout, assez longtemps.
Imaginer la conception, faire des plans, soigner ses désirs, ne pas avoir peur des plaisirs simples, ne pas craindre la fragilité, reconstruire en permanence, renforcer, travailler l’équilibre, jouir, se laisser flotter…
Autant de gestes et d’intentions qui symbolisent de nouveaux départs, comme on ramasserait du petit bois pour faire un bon feu.
Ces cabanes sont des porteuses de rêves, de petites utopies perchées, qui sont à mes yeux comme de possibles bouées de sauvetage face à de persistantes angoisses écologique, sociologique et politiques, personne n’est étanche à cela…
La tristesse et la mort m’ont approchées de très près, elles n’ont pourtant pas usé ma joie, mais je me pose toujours la question d’où sont les priorités dans une urgence de vivre?
S’allonger dans une cabane perchée, fermer les yeux, sentir un bout de ciel sous les pieds, ou la profondeur des abysses, respirer des branches pleines de mousse tendre, des feuillages doux comme les plumes au fond d’un nid, observer les constellations du soleil qui dansent à travers l’enchevêtrement des brindilles, chanter avec le vent, rire beaucoup, faire corps avec la nature, et l’amour plus près des étoiles, c’est ce qui m’appelle.
J’ai crains un instant que ce ne soit une fuite, un repli, et en écoutant bien, cette conception de la cachette m’a séduite.
Que considérer de si précieux, que l’on puisse préserver, ou dissimuler dans une cabane ouverte à tous les vents?
Une forme de mise en abyme du sensible, qui réenchanterait notre rapport au temps qui s’écoule et à notre capacité d’émerveillement au quotidien…